L’Actualité de la République démocratique du Congo reste le sujet le plus débattu dans les salons internationaux au point d’intéresser les forums stratégiques du monde. Puis qu’on le sait sa dimension continentale, sa position stratégique à travers l’Afrique où elle partage les frontières avec neuf pays voisins et les enjeux miniers font d’elle le pays les plus visés d’Afrique par les géostratégies.
En effet, depuis 1997 soit près de 30 ans aujourd’hui, la RD Congo traverse une crise sécuritaire sans précédente dans sa partie orientale qui est d’ailleurs riche en minerais recherché dans le monde. Malgré tous les atouts que possède la République démocratique du Congo, le pays de Lumumba stagne dans une misère indescriptible caractérisée par un pillage de ses ressources avec comme modus operandi la traque des Force démocratique pour la libération de Rwanda (FDLR) ou forces hostiles au régime du Rwanda. Cette stratégie soutenue par une certaine communauté internationale a mis en faillite l’autorité de la RD Congo où les milices naissent comme du champignon de l’Est de la RD Congo avec à sa tête AFC/M23 soutenu par un pays voisin, le Rwanda semant morts, déplacements massifs et exiles de la population et sans compter les conséquences économiques et sociales désastreuses pour le pays. A cela, il faut ajouter l’absence de la cohésion nationale où l’opposition se radicalise sur plusieurs questions de la gouvernance du régime notamment de la justice et les droits de l’homme, de la liberté d’opinion, de la question de la sécurité et les enjeux électoraux divisent la classe politique congolaise. Cependant, devant une difficulté de mater militairement à court ou moyen terme cette insécurité artificielle, il faut trouvée une solution négociée. D’abord sécuritaire, et politique ensuite.
Dynamique pour un dialogue
Face aux défis sécuritaires nationales et dans la sous-région, devant l’incohérence de la classe politique congolaise sur les questions sensibles de la nation, les initiatives ont été lancées sur le plan local qu’international. Des fleuves, des océans ont été traversés pour trouver un terrain d’attente face à ce que la RD Congo a qualifiée d’abord d’agression rwandaise. De la Tanzanie, de l’Addis-Abeba en passant par l’Angola, des rencontrent ont été organisées sous l’égide soit de la communauté de l’Afrique de l’Est (AEC), soit par la communauté de l’Afrique australe (SADC) et même directement par l’union africaine (UA) pour le retour de la paix en RD Congo sans succès. Des hommes en soutane ou en colle pastorale se sont eux aussi, mise à la manœuvre pour trouver un accord sur le retour de la paix et de la cohésion nationale. La communauté internationale à travers les Etats Unis d’Amérique et l’Emirats ont été mis à la contribution où la RD Congo et le Rwanda ont signé le 27 Mai dernier un accord de paix et de respect de l’intangibilité et de l’intégrité des frontières de deux pays voisins.
Bien que jugé un pas en avant pour le retour de la paix dans l’Est de la RD Congo, cet accord est qualifié notamment par la principale rébellion de l’AFC/M23, par l’opposition et même par l’église catholique d’insuffisant. Car disent-ils, il ne prend pas en compte les réalités internes de la crise socio-politique. Pour la cohésion nationale et le retour de la paix, tous, sans exception y compris le Rwanda et les Etats Unis d’Amérique appellent à un dialogue inclusif en RD Congo pour une partage de responsabilité dans la gestion de la chose publique. Doha balise le chemin pour un dialogue politique entre les belligérants, l’opposition politique et la société civile pour une sortie de crise négociée dont on sait déjà qu’un accord des principes entre le régime de Kinshasa et l’AFC/M23.
Le schéma d’une transition politique avec faisabilité qu’en 2028
La RD Congo est un pays habitué à trouver des solutions politiques en se mettant au tour d’une table. Du Président Kasa-vubu, en passant par le Maréchal Mobutu et par Kabila Joseph, le dialogue a été le dernier rempart pour une solution politique et qui finit heureusement ou malheureusement par le partage des responsabilités dans la gestion de la chose publique. Aujourd’hui encore tous sont unanimes que la réunification du pays, la réconciliation nationale et la restauration de l’autorité du pays et la sécurisation des biens et de personnes passent obligatoirement par un dialogue inclusif qui va débaucher sans être contredit par un gouvernement d’union nationale de la transition. Mais pour y arriver, le chemin est un processus ardu. Seul l’accord de paix de Doha ne suffit pas. D’ailleurs pour arriver à l’accord de paix, il faut aller à Doha 6 afin d’évaluer l’accord des principes qui du reste est émaillé des violations signale-t-on.
En effet, la faisabilité d’un dialogue pour que Kinshasa ou Goma accepte de dialoguer est tributaire au respect de l’accord de paix et le respect de ce dernier est tributaire de l’accord des principes de Doha. Cela étant, chaque étape est un processus qu’il faut non seulement bien négocier mais aussi bien exécuter de part et d’autre. Dans ce processus, il faut attendre que le parlement congolais abroge sa recommandation au gouvernement celle de ne pas négocier avec l’AFC/M23 encore moins d’intégrer ses éléments dans l’armée et la police. Il faut également attendre l’ordonnance présidentielle sur la mesure de grâce contre certaines personnalités condamnées par contumace et l’amnistie contre la rébellion qui risque de retarder le dialogue jusqu’au milieu du 2026.
Un nouveau cadre juridique pour le gouvernement de transition
Bien que la finalité du dialogue soit la sécurité et la cohésion nationale par un partage équilibré et horizontale des responsabilités dans la gestion publique, cette conception de la chose publique ne cadre pas avec la constitution actuelle de la RD Congo. C’est ici que les romains s’empoignèrent car chaque partie tire la couverture de son côté. Le gouvernement de Kinshasa par exemple, n’attend pas en tant que régime légitime issu des urnes des élections de 2023 conformément à la constitution de la République et ne peut à aucun cas partager son pouvoir légitime avec « une bande de patin soutenu » par le Rwanda au nom de la réconciliation soit-elle.
Mais selon certains recoupements, la thèse du gouvernement de Kinshasa ne passe pas auprès de la rébellion et de l’opposition radicale. Puis que pour eux, le régime de Kinshasa est illégitime issu d’un braquage électoral et a instauré une mauvaise gouvernance et une dictature négative. Pour les partisans de cette thèse, le régime de Kinshasa n’ayant pas gagné la guerre, a l’obligation de lui laisser le pouvoir ou de partager les responsabilités de gestion dans toutes les institutions nationales.
Les deux précédentes thèses ne passent pas pour les partisans du retour de la paix, de la réunification et de la restauration de l’autorité de l’Etat en RD Congo par le dialogue. Pour les partisans du juridisme, ou de la société civile et de la communauté internationale, le dialogue souhaité de tout le vœu par tous exige des concessions de part et d’autre mais cela nécessite un nouveau cadre juridique pour formaliser la transition car la constitution en vigueur en RD Congo ne permet pas un partage horizontal et verticale du pouvoir entre les belligérants.
C’est au dialogue inclusif souhaité par tous qui va définir l’acte constitutionnel de la transition. Cet acte qui va partager et définir le rôle de chaque institution de la République. Mais connaissant les préalables pour arriver à la formalisation de ce dialogue et connaissant l’homme congolais avec la violation de l’accord des principes ou de l’accord de paix, il y a lieu de s’attendre à une transition politique au début de l’année 2028.
CKM.