Il lèche les bottes du roi mais il tombe.
Est-ce la fin d’un partenariat, d’une amitié truffée d’hypocrisie ? Est-ce le début d’un basculement vers l’opposition, comme en 2009 ?
Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée nationale et allié des premières heures du Chef de l’État Félix Tshisekedi, traverse un moment turbulent de sa carrière politique.
Comme en 2009, et à deux ans du scrutin présidentiel et législatif, il est contraint de subir la même expérience : quitter le perchoir de l’Assemblée nationale malgré son allégeance au régime.
Un président encombrant
Les députés issus de sa propre famille politique ont décidé d’en finir avec leur président, jugé encombrant ou détenteur d’agendas cachés. Malgré ses multiples gestes de loyauté envers le régime, la messe était déjà dite. Tout le bureau allait être éjecté à cause de lui.
Aujourd’hui, le film semble se répéter : Kamerhe vit ses derniers jours à la tête de l’Assemblée nationale. Il est menacé par une pétition de déchéance signée par la majorité des députés — ironie du sort, ce sont ses propres collègues de l’Union sacrée.
La pétition et le silence de l’Union sacrée
Cinq sur sept membres du bureau de l’Assemblée nationale sont concernés : le président, le rapporteur, le rapporteur adjoint, le questeur et le questeur adjoint. Plus de 262 signatures ont été récoltées. Les députés ont même mobilisé un huissier, au cas où le cabinet Kamerhe refuserait de recevoir leurs pétitions.
Finalement, la pétition a été déposée au secrétariat général, le lundi 15 septembre, jour de l’ouverture de la session ordinaire. Mais au-delà des procédures, ce qui surprend le plus, c’est le silence de l’Union sacrée — aucune voix officielle n’est venue contraindre ou tempérer la démarche des pétitionnaires.
L’humiliation publique
Pour survivre politiquement, Kamerhe a opté pour la soumission publique : demandes de pardon et courbettes, gestes qui ont choqué une partie de ses sympathisants. Même une audience demandée et obtenue auprès du Chef de l’État n’a pas suffi à inverser la dynamique.
Marginalisation et naïveté
Les observateurs notent une longue période de marginalisation : partages inéquitables des responsabilités, nominations sans son aval, et des humiliations accumulées depuis la coalition de Nairobi. Privé de la Primature, condamné puis blanchi, Kamerhe n’a cessé de subir des revers mais a fini par accepter le silence pour préserver sa place.
Un président par défaut
Élu président de l’Assemblée nationale en mai 2024 après avoir quitté le gouvernement, Kamerhe savait qu’il entrait en sursis : il n’avait pas l’appui de l’autorité morale de la majorité. Sa victoire a été perçue comme un défi, et le contexte politique (notamment la question constitutionnelle) rendait son maintien fragile.
Le dernier acte
Trop tard pour réagir : le lundi 22 septembre, lors de la conférence des présidents, Vital Kamerhe a rendu le tablier et démissionné.
Glossaire
- Union sacrée : Plateforme politique soutenant le président Félix Tshisekedi.
- Pétition de déchéance : Procédure parlementaire visant à destituer un membre du bureau de l’Assemblée nationale.
- Walungu : Territoire du Sud-Kivu, fief électoral de Vital Kamerhe.
- Présidium : Organe dirigeant de l’Union sacrée, regroupant ses principales autorités.